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Le Bonheur en ciné-concert

Création 2006.

Film muet soviétique de 1934 d’Alexandre Medvedkine, Le bonheur est un film fou: fable comique et didactique tournée avec l'intention de soutenir l'effort national dans la transformation de l’agriculture soviétique, il sera censuré dès les premières projections. La critique du système tsariste y est pourtant féroce, comme c'est clair d'ailleurs le caractère "propagandiste" et "éducatif" de la parabole de Kmyhr, le protagoniste du récit: il trouvera enfin le bonheur rejoignant son kolkhoze, (la ferme collective) en choisissant les biens de la collectivité face aux siens. Mais la poésie visuelle, la force d'image et la liberté de ton étaient sûrement trop audacieux pour les censeurs de l’époque. Le film disparaitra pendant près de trente ans, pour ne réapparaitre que dans les années '70, envoyé "comme une bouteille à la mer" dans un colis destiné à une cinémathèque étrangère, dans l'espoir que quelqu'un en fasse quelque chose. Sergej Eisenstein en dira : "Je viens de voir la comédie de Medvedkine, Le Bonheur, et comme on dit, je ne peux pas garder le silence. Car aujourd’hui, j’ai vu comment rit un Bolchevik ! […] Chez Chaplin, le gag est individualiste. Chez Medvedkine, il est socialiste."Quant à nous, nous avons fait le pari du dialogue entre la modernité de notre musique et la folie du film. Nous avons imaginé de créer une boucle, dont le film est à la fois le point de départ et d’arrivée. Nous nous transformions en funambules, toujours en équilibre entre le danger d’écraser le film ou d’être nous même écrasés. Il s’agissait pour nous de construire à la fois une musique qui se justifie toute seule et trouve aussi sa raison d’être dans les images qu’elle accompagne. Devenant ainsi la troisième dimension de l’écran, celle de la profondeur et de la présence.
Mise en musique : LAB
Attila Faravelli : guitare électrique
Giulio Sagone : Basse électrique
Jacopo Faravelli: Batterie